Page:Martial - Œuvres complètes, t. 2, trad. Verger, Dubois et Mangeart.djvu/40

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de Rome ait encore grandi sous le prince qui la régit, tu t'étonnes que nous n'ayons pas un génie égal à celui du divin Virgile, et qu'il ne se trouve personne pour chanter d'aussi glorieux combats. Viennent des Mécènes, Flaccus; et les Virgiles ne nous manqueront pas : tes campagnes même en produiront. Tityre avait perdu quelques arpents de terre voisins de la pauvre Crémone ; désolé, il pleurait les troupeaux qu'on lui avait ravis. Le chevalier toscan sourit à l'infortuné, écarta l'indigence et lui commanda de fuir aussitôt : "Accepte ces richesses et sois le plus grand des poètes, lui dit-il ; et même je te permets d'aimer mon Alexis." A souper, ce bel enfant versait à son maître, d'une main aussi blanche que l'albâtre, le noir Falerne, et lui présentait la coupe après l'avoir effleurée de ses lèvres de rose dont l'aspect eût excité les désirs de Jupiter même. La grosse Galatée, Thestylis aux joues rouges et brûlées par le soleil, sortirent de la mémoire du poète étonné ; et soudain l'Italie, les combats, un héros, se révélèrent à cet homme qui, dans son inexpérience, ne savait naguère que pleurer sur un moucheron.