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O malheur de la poésie ! vengeances cruelles ! Ce malheureux dont un affranchi, un monstre qui n’était plus un homme faisait un soldat à l’âge où tous les citoyens prennent leur retraite, ce malheureux sans asile et sans amis, qu’un despote impitoyable envoyait mourir dans sa lourde armure, en quelques contrées lointaines, voisines des glaces dans lesquelles Ovide expira, le croirais-tu, Sextus ! c’était le plus grand, le plus illustre, le plus généreux poëte de la ville éternelle, c’était Juvénal !

A l’aspect de ce grand homme, l’honneur impérissable de notre siècle, partant pour l’exil à cet âge et dans cet appareil, je me pris à pleurer, et à remercier les dieux qui m’avaient donné, loin de nos tyrans, les campagnes qui me restaient.