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plie par la femme elle-même, le lendemain de ses noces. Cette opération annonçait aux jeunes esclaves que désormais ils ne serviraient plus aux plaisirs du maître.

LII.

Crede mihi, quamvis imjbiditi, Potithume, dotia
Auctoris pereunt garruluuie sui.

Racine, dans Iphigënie en Aulide, a dit :

Un bienfait reproché tient toujours lieu d’offense.

Divulguer le bien qu’on a pu faire, n’est-ce pas, en quelque sorte, le reprocher ?

LVI. Præconem facias, vel architectum. Dans tous les siècles et chez tous les peuples, certaines professions furent, on ne sait trop pourquoi, Touées au ridicule. Si ton fils est un imbécile, fais-en un crieur public ou un architecte, dit Martial. Nous dirions aujourd’hui : fais-en un épicier.

LXI. Te successurum credo ego Panniculo. Le nom Panniculus est presque toujours donné, chez les Latins, à un personnage ridicule et grotesque. C’est d’un Panniculus que date la généalogie d’Arlequin. Les mimes, espèces d’Atellanes perfectionnées, et qui reproduisaient les mœurs de la ville, avaient pour premier acteur un certain Panniculus, la tête noire et rasée comme les esclaves d’Afrique et d’Orient, l’habit formé de pièces de diverses couleurs, comme les pauvres gens au temps de la république ; la chaussure plate (planipes) ; toujours battu, et cachant de la malice et de l’esprit sous sa fausse stupidité. L’Arlequin de l’Italie moderne ne ressemble pas, pour le costume, à l’Arlequin français ; à le voir, on dirait plutôt le travestissement que nous appelons folie. Il ne porte pas non plus le masque de notre Arlequin, mais le masque appelé Vénitien, avec ou sans la mentonnière. Florian ne fait pas remonter si haut la généalogie d’Arlequin. Il dit qu’un enfant presque nu était couché près d’une borne, dans une rue de Bergame ; passent deux autres enfants, fils de négociants en draps ; ils ont pitié du pauvre abandonné, et lui apportent chacun un morceau de drap de couleur différente. Le malheureux réunit les deux morceaux, et voulut toujours les porter ainsi, en témoignage de sa reconnaissance pour ses deux bienfaiteurs. De là, l’Arlequin italien. Aujourd’hui, eu Italie, et surtout à Milan, on prend, chaque soir, une sorte de glace panachée, bariolée de couleurs diverses, et qui, pour ce motif, est appelée arlequio.