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propres à émouvoir et à inquiéter mon esprit. Déjà le vin de ma précédente récolte, celui même de cette année, a été employé jusqu'à la lie, depuis qu'une sorcière conjure en ma faveur les fantômes de tes nuits. J'ai épuisé des monceaux de farine, de sel et d'encens; mes troupeaux sont dépeuplés par le sacrifice si souvent répété de mes brebis. Il ne me reste ni un porc, ni une volaille de basse-cour, ni un œuf. Veille donc, Nasidienus, ou rêve pour ton propre compte.

LV. CONTRE CHRESTUS

Si tu ne fais de cadeaux à personne, en échange de ceux que tu reçois, Chrestus ; si tu ne m'envoies rien par avance, ou en retour de mes présents, je te supposerai encore assez de libéralité. Mais si tu rends quelque chose à Apicius, et à Lupus, et à Gallus, et à Titius, et à Gellius, il te faut appliquer aussi ta langue libertine, non pas sur mon priape (car il est pur, et n'a pas, d'ailleurs, d'assez belles proportions), mais sur celui d'un juif échappé de Solyme en cendres, et qui vient d'être soumis à un impôt.

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