Page:Martial - Œuvres complètes, t. 1, trad. Verger, Dubois et Mangeart.djvu/386

Cette page n’a pas encore été corrigée

bienfait inappréciable du destin te rend à nos vœux, lorsque déjà tes lèvres effleuraient l'eau du Léthé ? Déjà l'incertitude n'était plus permise à nos cœurs : trop sûrs de ton infortune, nous versions sur ton sort les larmes de la tristesse ; et déjà tout à nos yeux était fini pour toi. Mais le souverain du silencieux Averne n'osa pas affronter notre haine, et rendit lui-même aux Parques les fuseaux qu'il leur avait ravis. Ainsi tu sais que de regrets le faux bruit de ta mort avait causés parmi les hommes, et d'avance tu jouis de ta postérité. Vis donc de cette existence dérobée au trépas et cueille des plaisirs trop fugitifs : la vie à laquelle tu reviens n'aura pas perdu un seul jour.

XLVIII. A ANNIUS

Annius, qui a peut-être deux cents tables, a autant d'esclaves pour les servir ; aussi les mets et les plats ne font-ils que paraître et disparaître. Riches, gardez pour vous de pareils festins : pour moi c'est un tourment qu'un repas ambulatoire.

=