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XIX. — à césar domitien.

S’il faut en croire la vérité, ô le plus grand des Césars, aucun siècle ne peut être préféré au tien. Quelle époque permit jamais de contempler de plus nobles triomphes ? Quand les dieux du Capitole ont-ils mieux mérité nos hommages ? Quel maître de l’empire rendit la ville de Mars plus belle et plus spacieuse ? Quel prince donna jamais plus de liberté ? Toutefois il existe chez nous un vice, vice fort grave, bien qu’il soit le seul, c’est que le pauvre ne rencontre que des amitiés ingrates. Voit-on un riche faire part de ses trésors à un vieil et fidèle ami ? Quel patron voit à sa suite un chevalier qui lui doive son titre ? Aux Saturnales, si on nous envoie une aiguillette de la valeur de six onces d’argent, ou une toge écarlate du prix net de dix scrupules, c’est du luxe ; et nos patrons, fiers comme des rois, appellent cela des présents. L’un d’eux donnera quelques pièces d’or, en les faisant bien sonner ; il sera peut-être le seul. Puisqu’ils oublient les lois de l’amitié, aie plus de mémoire qu’eux, César. Point de vertu qui charme plus dans un souverain que la