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XVI. — au lecteur.

Je pourrais écrire des choses sérieuses ; mais si je préfère celles qui amusent, c’est ta faute, ami lecteur, toi qui lis et qui chantes mes vers dans toutes les rues de Rome. Mais tu ne sais pas tout ce que me coûte ton engouement : car si je voulais aller défendre des causes dans le temple du dieu qui tient la faux et le tonnerre ; si je voulais vendre mes paroles aux accusés tremblants ; plus d’un maître de navire remplirait mes celliers de vin d’Espagne, et l’or de bien des bourses salirait les replis de ma toge. Mais mon livre n’est qu’un joyeux convive, un commensal aimable ; livre charmant, parce qu’il ne coûte rien. Mais nos anciens ne se contentaient pas de cette gloire, et le moindre des présents faits au poète par excellence fut son Alexis. — Fort bien ! dis-tu : cela suffit ; tu auras toujours nos éloges. — Fais-tu semblant de ne pas me comprendre ? je le vois, tu feras de moi un avocat.