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LXVI. — à linus.

Linus, tu as toujours mené une vie provinciale, la plus basse, la plus vile du monde. Aux ides seulement, et quelquefois aux calendes, tu as secoué la poussière de ta misérable toge ; une seule robe de cérémonie t’a duré dix ans. Tes bois te fournissent le sanglier, tes terres le lièvre, sans qu’il t’en coûte rien ; une battue dans ta forêt te procure des grives bien grasses. On te pêche à souhait du poisson de rivière ; tes tonneaux te versent le vin rouge de ton cru. Tu ne tires pas de l’Argolide tes jeunes esclaves ; c’est une troupe de paysans grossiers qui se tient à tes ordres. Le dirai-je même ? La rustique ménagère de ton lourd fermier offre à tes étreintes ses robustes appas, toutes les fois que le vin a porté sa chaleur dans tes veines enflammées. Le feu n’a jamais endommagé tes maisons, ni le Sirius desséché tes champs ; aucun de tes vaisseaux n’a été englouti dans les ondes, ou plutôt tu n’en as aucun sur mer ; jamais les dés n’ont remplacé chez toi l’osselet inoffensif ; tout ce que tu as hasardé