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M. V. MARTIAL.

pité les tristes destins du malheureux, le poignard amolli s’est fondu dans la plaie brûlante qu’il avait faite. Quels jeux cruels n’a-t-on pas à redouter de la fortune ? Où la mort n’est-elle point, si l’eau peut aussi nous égorger ?

XIX. — sur une endromide.

Je t’envoie l’ouvrage grossier d’une ouvrière de la Gaule séquanaise, ouvrage qui, tout barbare qu’il est, conserve un nom lacédémonien, c’est un présent de peu d’apparence, mais qui n’est point à dédaigner par un froid de décembre ; reçois ce vêtement étranger, cette endromide. Soit que, frotté de cire et d’huile, tu t’exerces à la lutte, soit que tu t’échauffes, avec le trigon, que tu enlèves avec la main le harpaste poudreux, que tu fasses bondir le ballon gonflé de plumes, ou que tu veuilles vaincre à la course le léger Athas, cet habit empêchera le froid pénétrant de se glisser dans tes membres mouillés : avec lui tu ne craindras pas les torrents d’eau que verse tout à coup Iris ; avec lui, tu braveras les vents et la pluie : un manteau d’étoffe de Tyr ne te préserverait pas aussi bien.