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LES MÉMOIRES DE MARTIAL
ÉCRITS PAR LUI-MÊME

I

Je suis né à Bilbilis, en Espagne, sous le règne de Tibère, et je m’appelle M, Val. Martial, poète favori des Romains, Cependant, quelle que soit ma renommée présente, j’espère qu’elle grandira dans la postérité. En effet, je me suis souvent demandé : Par quel motif refuserait-on au poète vivant la renommée et la gloire ? et pourquoi donc tant d’injustice chez les contemporains d’un homme illustre ? — C’est l’envie ! Elle ne reconnaît que les talents qui ne sont plus. Par une vieille habitude, nous recherchons, de préférence aux constructions modernes, l’ombre dégradée des portiques de Pompée et le temple ruiné de Catullus. Rome lisait encore les vers d’Ennius du vivant de Virgile ; le siècle d’Homère faisait à peine l’aumône au sublime vieillard ; Ménandre, l’honneur du théâtre, n’y rencontra qu’injuste froideur, et se vit préférer Philémon ; le charmant Ovide, de son vivant, ne fut reconnu un grand poëte que par Corinne, sa maîtresse,