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S’envolent chez Toussaint Quinette ; Que le produit de leurs travaux Descende au fond de vos caveaux ; Surtout provision complète Et de Champagne et de bordeaux ; Que sous votre main toujours prête A table ils coulent à longs flots. Alors dans un profond repos, Sans plus craindre aucune défaite , Chaque jour de lauriers nouveaux Vous verrez ceindre votre tête ; Vous entendrez tous les journaux Pour vous emboucher la trompette ; Et plût à Dieu que maint poète Que je connais, pût à propos User de semblable recette ! Charmé d’un aussi beau succès, Notre lecteur infatigable En poursuit le cours sans délais, Et reprenant son cahier formidable, Avec un épisode il sert les entremets. Le vin qu’il verse en abondance, Réveille ceux qu’endort son éloquence ; Et, du moins au gré des gourmets, Il tourne à son honneur sa quatrième chance. Mais de la scène enfin le dénoument s’avance, Et le dessert, sur la table apporté, Étale avec magnificence Les dons qu’à pleines mains a répandus l’Été. Pour notre horticulteur quelle immense carrière Et pour son dernier chant quelle riche matière ! Sur tous les arbres dont ces fruits Sont les délicieux produits, Sa muse à plaisir s’évertue ; Ils les passe tous en revue. C’est sa main qui les a plantés, greffés, taillés, Émoussés, encaissés, palissés, empaillés, Et je crois même échenillés ! De cette stérile abondance Le convive enfin excédé, Ainsi que du trop long silence Que forcément il a gardé,