Page:Martial - Épigrammes, traduction Dubos, 1841.djvu/51

Cette page n’a pas encore été corrigée
5

Crains le goût délicat dont l’extrême finesse
A, chez les fils de Mars, remplacé la rudesse :
Nul peuple n’offre des lecteurs
Plus dégoûtés et plus frondeurs.
Jeunes gens et vieillards, tous ont l’humeur railleuse ;
Chez eux l’enfance même est plaisante et moqueuse.
N’attends pas là d’amis, de protecteurs.
Après mille bravos, mille feintes caresses,
Quand tu t’applaudiras de leurs faveurs traîtresses,
Aux outrages sanglants, soudain abandonné,
Par les valets tu te verras berné.
Mais quoi ? las d’essuyer ratures sur ratures,
Et de voir ta gaîté mourir sous mes censures,
Au risque dans les airs de bientôt voltiger,
Tu veux, jeune étourdi, courir les aventures ;
De ton obscurité je vois que tu murmures.
Eh bien donc, prends l’essor et brave le danger !
Mais chez moi tu trouvais la paix sans voyager.

5.

À CÉSAR.

César, si ce produit d’une muse légère
Par hasard vous est présenté,
Quittez pour un instant cet air de dignité
Qui ceint le front des, maîtres de la terre.
Sans en être offensé, souvent un Général
D’un trait malin sourit sur son char triomphal.
Daignez lire mes vers avec cette indulgence
Qui d’un Mime au théâtre excuse la licence.
Loin d’un livre innocent les rigides censeurs !
Libre dans mes écrits, je suis chaste en mes mœurs.