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Chez moi tu ne verras Centaures ni Gorgones,
Ni Mégères, ni Tysiphones.
L’homme, dans mes écrits, tel qu’il est se fait voir ;
Et, dans ce fidèle miroir,
Toi-même tu pourras te retrouver peut-être :
Mais non ; car tu te fuis et crains de te connaître.
Puisque l’erreur a pour toi tant d’appas,
De Callimaque, eh bien ! relis l’obscur fatras.
IMPRECATION CONTRE UN POETE DETRACTEUR
ET ANONYME.
Le lâche et vil auteur d’un libelle anonyme ,
Qui , dans ses vers , sans respect pour les rangs ,
Ose insulter les femmes et les grands,
Et qui , pour échapper aux suites de son crime,
M’en accuse, et prétend m’en rendre la victime,
Que ne puis-je le voir, parmi les vagabonds,
Chassé de Rome , sur les ponts
Tendre la main qui traça cette injure ,
Et disputer aux chiens le pain noir, leur pâture !
Pour lui que les hivers comme un siècle soient longs
Et que , mal abrité sous une voûte obscure ,
Par l’air humide et froid qui viendra l’assaillir
Il sente tour à tour ses membres se roidir !
Qu’il porte envie à ceux qu’un brancard funéraire
Transporte sous ses yeux pour les rendre à la terre !
Lorsqu’enfin il verra , sur la paille étendu,
Approcher cet instant si longtemps attendu,
Que de sa serpillière il repousse la joie