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Voit-on Canus se dégradant
Jusqu’à ravaler son talent
A la rustique cornemuse ?
Si peu que ce soit, j’ai mon prix ;
Et toi-même serais surpris
De me voir avilir ma muse.
Je tiens à l’honneur de mon nom ;
C’est un diamant : à quoi bon,
Par un tel acte de démence,
Me tourmenter pour le ternir,
Lorsqu’en paix , pour l’entretenir ,
Je n’ai besoin que du silence ?
4.
AU LECTEUR.
Toi qui passes ton temps à lire
Les monstrueux produits des cerveaux en délire ,
Reviens en ton bon sens , et, crois-moi , laisse là
Les poisons de Circé , les ciseaux de Sylla ,
OEdipe et sa Camille, et le flambeau céleste
Que fit pâlir d’effroi le festin de Thyeste.
Quel intérêt peut t’inspirer Hylas,
Et cet Atys , objet du courroux de Cybèle ?
D’Icare que te font la chute et le trépas ,
Hermaphrodite à Salmacis rebelle,
Les sept chefs et leurs grands combats,
Et l’obstiné dormeur qui dans les bois sommeille
Quand , pour lui , de son char Phébé descend et veille ?
A tout ce vain amas de fables et d’horreurs
Préfère des tableaux plus voisins de tes mœurs.