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Doit vivre encor le meilleur de toi-même.
Tombeau de Messala, le sauvage figuier
Brise tes marbres qu’il sépare ;
Des chevaux de Crispus l’insolent muletier
Contemple avec dédain la ruine bizarre.
Mais les monuments de l’esprit,
Toujours plus brillants d’âge en Age,
Du temps injurieux ne craignent pas l’outrage ;
Le monde périra plutôt qu’un bon écrit.
A PRISCIS.
Un poète qui, pour raison ,
Ne nous décline pas son nom ,
Mais qui mérite qu’on le hue
Dans le public répand , dit-on ,
Et prétend que l’on m’attribue
Quelques écrits de sa façon ,
Écrits qui sentent le bâton.
A mes dépens il s’évertue,
En me prêtant comme bons mots
D’ignobles et sales propos,
Tels qu’en tient un coureur de rue,
Et qu’un marchand de pots rompus
Pourrait rougir d’avoir tenus.
Mais croira-t-on , mon cher Priscus.
Sur la foi de telle canaille,
Qu’on puisse voir le perroquet
Echanger son brillant caquet
Contre l’aigre cri de la caille ?