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J’inspecte mes valets, parcours mon héritage ;
Je me rends compte des travaux
De la veille, et j’assigne à chacun son ouvrage.
Je rentre, prends un livre, et du sacré vallon
Je rappelle ma muse et son frère Apollon.
Dans ces détails divers coule ma matinée.
Libre quand aux deux tiers arrive la journée,
Je cherche l’exercice ; aussitôt de mon corps
Une olive onctueuse assouplit les ressorts,
Puis la lutte lui rend une vigueur nouvelle.
Ainsi j’atteins le soir : Que te dirai-je enfin ?
Je chante, bois et ris ; du jeu je passe au bain,
Puis je soupe et je dors ; mais ma lampe fidèle
Veille, et bientôt je donne à quelques vers nouveaux
Une part de ma nuit dérobée au repos.

91.

À SON LIVRE.

Arrête, c’est assez ! livre ennuyeux, arrête !
Eh quoi ! des vers toujours ajoutés à des vers !
Chez toi déjà la page et le revers
Sont tout remplis, et ta verve indiscrète
A poursuivre encore s’apprête.
Quand donc dois-tu finir ? on a beau t’en prier,
Le lecteur aux abois en vain demande grâce.
Si tu voulais seulement l’ennuyer,
Ton but était rempli déjà dès la préface ;
Mais tu parles encor quand manque le papier.