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Venir assiéger le portique,
Et qui même ose pénétrer
Dans l’enceinte du temple auguste et magnifique
Qu’à Pallas récemment on vient de consacrer ;
Ce vieillard dont la chevelure
D’un blanc jauni, se dresse vers les cieux,
Et dont la barbe sale et d’un aspect hideux
Lui descend jusqu’à la ceinture ;
Cet objet de dégoût, au regard effronté,
Qui n’a pour compagnon sur sa triste couchette
Qu’un vieux manteau crasseux qu’il n’a jamais quitté,
Et qui, par importunité,
Obtient un peu de pain qu’en passant on lui jette,
A le voir tu le prends pour un cynique ? eh bien !
Ce n’est point un cynique. — Et qu’est-il donc ? — Un chien.

54.

À COLINUS.

Toi qui naguère, au Capitole,
Du chêne méritas l’honneur,
Et dont la gloire orna le front vainqueur
De sa plus brillante auréole,
Colinus, use bien de chacun de tes jours ;
Mets-les tous à profit, et réfléchis toujours
Que chaque heure pour toi peut-être est la dernière.
Nul ne peut attendrir la Parque filandière,
Ni retarder la fin qu’elle marque à leur cours.
Quand tu réunirais de Crispus l’opulence,
De Thraséas l’impassible constance ;