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Consacre de ce lac les muets habitants,
Et qu’on n’y peut toucher sans être sacrilège ?
Tous connaissent leur maître, et baisent cette main
A qui de l’univers est remis le destin.
Chacun d’eux a son nom ; et quand le prince arrive,
Celui qu’il a nommé s’empresse vers la rive.
Naguère, un étranger, un profane Africain
Dans ces profondes eaux épiait son butin :
Frappé d’un coup du ciel, soudain il perd la vue,
Et ne voit plus sa proie au roseau suspendue.
Depuis, au bord du lac assis, dans son malheur
Il mendie, accusant sa criminelle erreur.
A ces poissons sacrés adresse ton hommage,
Ami pêcheur ; crois-moi, repliant tes filets,
Sans amorce perfide offre-leur quelques mets ;
Puis, innocent encor, fuis loin de ce rivage.

31.

À HIPPODAMUS.

Tu fais cas de mes vers, et te ferais honneur
De passer quelquefois sous l’œil de mon lecteur.
Ta demande me flatte : elle a de quoi me plaire,
Et de grand cœur je veux te satisfaire.
Mais ta mère, au mépris et du goût et du son,
Loin des sources du Pinde alla te prendre un nom
Dont Phébus et ses sœurs, dans leur divin langage,
Jamais ne voudront faire usage.
Ainsi, dans mille noms divers,
Pour être admis dans mon ouvrage,