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Tandis que Curius, chef de notre noblesse,
Donne le sien rarement le dernier.
Mais, d’où te vient, sur moi, le droit que tu t’arroges,
Nœvole ? en quoi m’es-tu supérieur ?
Te crois-tu donc et plus grand et meilleur ?
Deux Césars m’ont comblé de présents et d’éloges,
Plus d’un gage a pour moi signalé leur faveur ;
Car enfin, je tiens d’eux, quoique célibataire,
Les droits attribués au Romain trois fois père ;
Et mon crédit, je crois, grâces à leurs bienfaits,
Fit plus de citoyens que tu n’as de valets.
Partout sont lus mes vers ; dès mon vivant célèbre,
Ma gloire a prévenu mon éloge funèbre.
De plus, je fus tribun ; et, pour ton désespoir,
En public je m’assieds où tu ne peux t’asseoir.
Mais que dis-je ?… Ton bien, fruit du vol, du parjure,
Chaque jour croît encor par une infâme usure :
En cela je te cède : oui, sois fier : tu le peux ;
Reçois donc mon salut, et rends-le si tu veux.

99.

CONTRE LE CORDONNIER DONNEUR DE SPECTACLES.

Pourquoi ce grand courroux et ces cris menaçants ?
J’ai plaisanté ton art, et non pas ta personne.
Tes jeux coûtent du sang, et l’on te le pardonne :
Ne peux-tu pardonner quelques traits innocents ?