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58.

À BASSUS.

Bassus, notre Faustin, possède en Campanie,
Près de Baye, une bonne et grosse métairie,
Dont l’utile terrain ne nous offre, aligné,
Ni le myrte infécond, ni le buis bien peigné,
Ni du platane oiseux la stérile verdure ;
C’est un vrai bien rural, agreste et sans parure.
Là, Cérès sous son poids affaisse les greniers ;
Sur de larges rayons, l’opulente Pomone
De ses dons variés embaume les fruitiers ;
Et Bacchus, à son tour, enrichit les celliers
Du nectar qu’il prodigue, au déclin de l’automne.
Aux approches des froids, les vignerons actifs
Recueillent les raisins oubliés ou tardifs.
L’indomptable taureau fait mugir la vallée,
Et près de lui, son fils, fier de ses dards naissants,
Bat la terre, et révèle, en ses jeux innocents,
Une ardeur qui bientôt sera mieux signalée.
Mais de la basse-cour les habitants ailés
Appellent mes regards : ici sont rassemblés
Et le paon dont la roue avec orgueil étale
De ses brillants trésors la pompe orientale ;
Et l’oie aux cris aigus, à côté du canard
Qui répète, en ramant, son refrain nasillard ;
La pintade enlevée aux champs de Numidie,
Et le faisan venu de la Colchide impie.
Le coq dans son sérail règne en sultan jaloux.