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Lorsque l’accusé qu’il protège,
Et qu’ont sauvé ses soins officieux,
Au pied de leurs autels va rendre grâce aux Dieux ?
Garde-toi, Maternus, de lui porter envie,
Et qu’un luxe pareil ne soit jamais le tien !
Ces amis, ces clients dont il se glorifie,
Pour se les procurer il engage son bien,
Et bientôt expira sa brillante folie.

75.

SUR UN LION.

Un lion, adouci par la captivité,
Souffrait avec docilité
Les châtiments infligés par son maître ;
Même sa complaisance allait jusqu’à permettre
Qu’il promenât en liberté
Sa main jusques au fond de sa gueule sauvage.
Mais un jour, tout à coup son instinct de carnage
Se réveille ; il reprend cette férocité
Qu’au désert un lion en liberté déploie.
Deux enfants, munis de râteaux,
Renouvelaient l’arène : en rugissant de joie,
Il s’élance, saisit et déchire en lambeaux
Cette innocente et faible proie.
Le cirque, si souvent témoin d’actes cruels,
N’en avait point encor vu d’aussi criminels.
Barbare ! de quel nom faut-il que je te nomme ?
Assassin, monstre affreux ! dans ce lieu même, apprends