Page:Martial - Épigrammes, traduction Dubos, 1841.djvu/117

Cette page n’a pas encore été corrigée
71

A l’instant l’avare Sextus,
Que je connais depuis trente ans et plus,
Craignant pour un emprunt d’être mis à l’épreuve,
Tout bas murmure en sons confus,
Mais de façon pourtant que je l’entende :
Je dois dix mille as à Phébus,
A Secundus vingt mille, et trente à Philetus ;
Chez moi pas une obole !… Oui, ton adresse est grande,
Et je t’admire, ami Sextus ;
Mais, pour exprimer un refus,
Attends du moins qu’on te demande.

46.

CONTRE NÆVOLUS.

Comme au printemps, l’Hybla, peint de mille couleurs,
Offre au choix de l’abeille une moisson de fleurs,
Ainsi l’on voit, chez toi, les armoires, les presses
Briller de vêtements de toutes les espèces,
Toges, robes, manteaux l’un sur l’autre empilés,
Ou dans ton vestiaire aux regards étalés.
Tout un quartier serait vêtu de la dépouille
Des troupeaux qui pour toi s’engraissent dans la Pouille,
Et tu peux sans pitié voir mes flancs découverts,
Subir sous des haillons la rigueur des hivers !
N’est-il pas, dans ta garde-robe,
Où dorment tant d’habits divers,
Un manteau de rebut, ou quelque ancienne robe ?
Permets qu’en ses besoins un ami les dérobe,