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l’Aude, les foz ou cluses plus belles encore de la vallée de Roncal, dans les Pyrénées de la Navarre, et je n’ai rien vu d’aussi surprenant et d’aussi vraiment beau que le site des Étroits.


Entrée du Détroit. — Dessin de Vuillier, d’après nature.

« Ici, la rivière est large, et c’est plaisir de voir refléter sur le miroir de ses eaux assombries les falaises, hautes de 100 mètres et plus, au-dessus desquelles parfois pyramident, de talus en ressaut, à 300 mètres de hauteur, les tours, les forteresses crénelées, les fines aiguilles, les grands bastions des deux causses. Dans toutes les fissures de la roche, sur tous les entablements, se dressent ou se penchent des pins, des arbustes, des plantes grimpantes ; çà et là, entre les grands rochers, montent des traînées de verdure. Dans cette solitude, sonore comme une cathédrale, on éprouve une sorte de respect religieux ; on se tait ; pour un peu on se découvrirait la tête. Les Étroits sont la splendide préface du merveilleux cirque des Baumes. » (A. Lequeutre.)

Comme pour reposer les yeux de ces paysages vraiment trop grandioses, les bords de la rivière sont, après le Détroit, semés d’une foule de jolis détails, de caprices rocheux des plus pittoresques : ici c’est une grande ogive comme la Manneporte d’Étretat ; là, une grotte où le Tarn s’engouffre presque tout entier. Plus loin, une arcade calcaire (l’Escayou) rappelle par sa figure, sinon par ses dimensions, le fameux Prebischthor de la Suisse saxonne taillé dans les grès.