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le cañon du tarn. – de sainte-énimie à la malène

Des fenêtres des hauts étages, néanmoins, on a peine à s’arracher au panorama splendide du cañon : on doit rejeter la tête en arrière pour distinguer en l’air les dents roses du causse qui mordent le ciel bleu ; à gauche, la rive boisée d’en face et les falaises de l’Escalette ; à droite, le bassin de Hauterive, éclatant de lumière et hardi de couleurs comme un paysage d’Orient ; en bas, les murs du castel plongeant dans un grand creux du Tarn ; à 100 pieds sous soi, l’on y voit scintiller, aussi brillantes que les cristaux de mica de l’aventurine, les truites qui folâtrent par 10 mètres de profondeur d’eau, paillettes chatoyantes librement suspendues dans la translucide émeraude du planiol !


Château de la Caze. — Dessin de Vuillier, d’après nature.

Des communs, restés à peu près habitables, puis des champs et des vignes, s’étendent sur la rive droite au pied des falaises, dans lesquelles une grotte profonde, ouverte à 80 mètres au-dessus du sentier, a livré de nombreux ossements du grand ours et beaucoup d’objets préhistoriques à ceux qui l’ont fouillée à maintes reprises et vidée (docteur Prunières, etc.).

En aval de la Gaze est une des plus belles plaines d’eau du Tarn, alimentée sur la rive droite par les deux sources de la Tieure et de Clujade, et longue de 1 kilomètre. Un canot à voiles pourrait y tirer d’amusantes bordées ; la