Page:Martel - Les Cévennes et la région des causses, 1893.djvu/348

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
342
les cévennes

en majeure partie, à l’oligocène inférieur. Ces dépôts occupent des fentes dans les calcaires jurassiques…

« Les ossements sont surtout abondants au milieu des argiles ; des reptiles, batraciens et ophidiens, ont été transformés en phosphate, y compris les tissus mous ; il a dû y avoir substitution rapide, à température peu élevée, dans des eaux d’une faible acidité.

« Quant au mode d’enfouissement des vertébrés dans les fentes à phosphate, il paraît avoir été immédiat, sans doute sous l’influence de vapeurs nuisibles qui asphyxiaient les animaux venus pour se désaltérer aux sources ; car de nombreux squelettes sont entiers, et ni les os des ruminants ni ceux des rongeurs n’offrent de traces d’incision par la dent des nombreux carnivores auxquels ils sont associés.

« Les poches sont très variables. Il y en a qui ont 35 mètres de diamètre, d’autres, comme celle de Pindaré, sont des crevasses de 3 à 6 mètres, se poursuivant en ligne droite sur 90 mètres.

« Les directions dominantes sont est-nord-est et ouest-nord-ouest. Toutes les poches connues se terminent en pointe dans la profondeur, tandis qu’elles s’évasent près de la surface[1] »

Nous n’avons rien de particulier à dire du crétacé et du tertiaire, qui pénètrent à peine les Cévennes vers Ganges ; mais les éruptions volcaniques de basalte pliocène méritent une mention[2].

Les coulées de l’Aubrac (V. p. 281) ne sont pas les seules manifestations du feu central produites dans les Causses et les Cévennes.

« Il existe dans le département de l’Hérault plusieurs lambeaux volcaniques irrégulièrement distribués aux environs de Montpellier, de Pézénas, de Lodève et de Bédarieux… Les terrains volcaniques de Lodève sont de beaucoup les plus intéressants… Ils occupent des espaces considérables entre Lodève, Bédarieux et Clermont-l’Hérault. Le plateau d’Antignalet (Larzac, vers la source de l’Orb), qui s’étend depuis la terre de Pertus jusqu’à la forêt de Guilhomard, à au moins 2 lieues de long, et sa superficie est presque partout revêtue d’une nappe de prismes basaltiques. Ce vaste plateau n’est pas le produit d’une seule et même émission volcanique ; on voit, de distance en distance, les filons de basalte s’élever en gerbes à travers le calcaire jurassique et se répandre à sa surface… Entre Bédarieux et Clermont, le basalte forme des filons puissants qui, après avoir traversé le terrain de grès bigarré et le lias, se répandent en une nappe épaisse à la surface de ce dernier. » (Dufrénoy, Explication de la carte géologique de la France, t. III, p. 273.)

Sur le Larzac, entre le pas de l’Escalette et le Mas-Raynal, vers la Font-d’Orb, les champs sont couverts de débris basaltiques, et la terre, décomposée par l’éruption, est toute noire et rousse sur de grandes surfaces.

Les basaltes qui forment la chaîne de l’Escandorgue sont continus sur une longueur qui n’est pas moindre que 35 kilomètres. Le dernier volcan de France est, près d’Agde et de la mer, à l’embouchure de l’Hérault, le pic Saint-Loup, haut de 115 mètres, qu’il ne faut pas confondre avec son homonyme (oxfordien) de Saint-Martin-de-Londres. (V. p. 226.)

  1. Filhol, Annales des sciences géologiques, 1876.
  2. V. Poulett-Scrope, Géologie et volcans éteints de la France centrale, trad. Vimont ; Paris, 1864, in-8o, et t. V des Mémoires de l’Académie de Clermont-Ferrand, 1863.