Page:Martel - Les Cévennes et la région des causses, 1893.djvu/343

Cette page a été validée par deux contributeurs.
337
géologie des causses et des cévennes

de la formation jurassique des Cévennes. » (Jeanjean.) Au contraire, Zittel et d’autres savants tiennent ce niveau pour tithonique[1].

En effet, à propos du jurassique supérieur (kimméridgien, portlandien, purbeckien, virgulien, etc., ou tithonique), les géologues sont, pour les Cévennes, en désaccord complet.

MM. Dumas, Vélain, Coquand, Hébert, de Sarran, Parrau, Jeanjean, etc., ont longuement discuté pour savoir si les calcaires blancs de Ganges étaient coralliens ou kimméridgiens.

(V. l’étude de M. Jeanjean sur l’Oxfordien supérieur, corallien et néocomien des Cévennes : Association française pour l’avancement des sciences, Montpellier, 1879.)

Nous nous garderons bien de prendre parti[2].

Après ces généralités sur les couches successives des formations secondaires, feuilletons un peu les descriptions et coupes locales.

M. Fabre a relevé l’erreur de la carte géologique de France de Dufrénoy et d’Élie de Beaumont, qui indiquent comme granitique le plateau entièrement jurassique du causse de Montbel ; il a en outre reconnu l’existence de l’infra-lias et du lias au nord de la montagne du Goulet, entre les sources de l’Allier, et du Lot[3].

La coupe du causse de Montmirat (Fabre) présente un intérêt particulier, comme s’appliquant à peu près à tout le bassin du Valdonnès (causse de Balduc, etc). La voici :


Infra-lias 
  
Arkose. — Grès. — Calcaire capucin.
Le calcaire bleu à Ammonites planorbis manque.
Calcaires blancs magnésiens et cargneules ; épaisseur, 110 mètres.
Lias inférieur 
  
Manque.
Liasien 
  
Calcaire à Gryphæa obliq., 30 mètres.
Calire à Gryaea cymb., 30 mètres.
Calcaires et marnes à Ammonites fimbriatus, 100 mètres.
Toarcien 
  
Schistes bitumineux, 10 mètres (à posidonies, marnes bleues, 100 m).
Bajocien 
  
Calcaire bleu marneux (à fucoïdes), 130 mètres.
Calcaires à entroques, 50 mètres.
Dolomie ruiniforme jaune, 110 mètres.
Bathonien 
  
Calcaires blancs.


Au sud de Mende et dans le bassin du Valdonnès, M. Fabre encore a complété comme il suit la coupe précédente[4] :

Le jurassique a 500 mètres d’épaisseur. — Il manque la zone à Ammonites planorbis de l’hettangien (infra-lias), la zone à Gryphæa arcuata du sinémurien (lias inférieur) et tout le jurassique supérieur, ainsi que le corallien ; le bathonien est très épais ; le callovien et l’oxfordien sont fort minces. Il y a récurrence des

  1. Rappelons que la création du tithonique est due au géologue allemand Oppel, qui, en 1865, supprima le corallien, mit la zone à Ammonites polyplocus dans le kimméridgien et assimila le tithonique au portlandien.
  2. V. De Sarran d’Allard, Bull. de la Soc. géologique, 3e série, t. IX, p. 552, 1881 ; — Dumas, Vélain, Coquand, de Sarran, Boutin, Hébert, de Rouville, Torcapel, dans le Bull. de la Soc. géologique, 3 mai et 15 novembre 1869, 2e série, t. XXIX, p. 687 ; 3e série, t. II, p. 160.
  3. Matériaux, etc., 2e note : Bull. de la Soc. géologique, 2e série, t. XXIX, p. 425.
  4. Bull. de la Soc. géologique, 3e série, t. III, 432.