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principes de géologie

interne, des phénomènes de concentration moléculaire, pour lesquels les corps organiques en décomposition servent en général de centre d’attraction. L’un des plus fréquents est l’accumulation de la pyrite ou bisulfure de fer à la surface ou dans l’intérieur des coquilles, comme aussi au milieu des fibres des végétaux transformés en lignite.

« Dans les dépôts crayeux, la silice, intimement mélangée au calcaire, s’isole autour des corps organisés. Plus tard, une partie de la silice entrera en dissolution et viendra former des cristaux de quartz à l’intérieur des valves.

« Lorsque la substance ne pénètre pas dans les coquilles et se contente de les envelopper, on obtient un moule externe.

« La préservation des structures organiques est remarquablement complète quand des sources calcaires ou siliceuses ont servi de milieu pétrificateur.

« Le phosphate de chaux a souvent joué un rôle analogue à celui de la silice et du calcaire. Tantôt des incrustations de ce minéral ont opéré le contre-moulage de corps organiques, comme ces curieuses reproductions de grenouilles et de serpents que M. Filhol a découvertes dans les phosphorites du Quercy, et où, l’animal ayant été extérieurement moulé par de l’argile, le vide produit par sa disparition a été rempli par du phosphate.

« On peut distinguer, dans la classe des empreintes, les empreintes organiques, qui ne sont en réalité qu’une sorte de moule externe, comme les impressions laissées par des feuilles et des insectes ; et les empreintes physiologiques, qui sont des vestiges de l’activité organique des êtres disparus. À cette dernière catégorie appartiennent les trous creusés dans les roches par les animaux lithophages (et souvent remplis après coup par un sédiment), les perforations des tarets, les tubes servant à l’entrée et à la sortie des annélides dans un sédiment sableux ou vaseux, les pistes laissées par la marche des vers ou des crustacés, enfin les traces de pas des reptiles ; des oiseaux ou des mammifères.

« Ce phénomène n’est, du reste, pas particulier au monde organique. Des gouttes de pluie ont ainsi laissé leurs empreintes sur certains sédiments vaseux, tandis que des dépôts arénacés nous ont transmis, sous forme de rides à la surface des couches, les traces de clapotement des vagues (ripple marks). » (De Lapparent, p. 692 et suivantes.)

Stratigraphie et paléontologie. — Nous avons vu que la géologie ou plutôt la géognosie recherche l’âge relatif des diverses couches de terrain superposées et fait leur histoire et leur description complètes.

Sa méthode est double, ce qui lui permet le contrôle.

Elle a, en effet, deux sortes de matériaux à analyser :

Les uns inorganiques, les minéraux, les roches et les métaux.

Les autres organiques, les animaux et les végétaux.

La première méthode, dite stratigraphique, tire ses déductions de l’examen même du sol, à l’aide de la stratigraphie, de la lithologie (V. p. 304) et même de la minéralogie. Elle précise les rapports mutuels de position des roches.

La seconde, dite paléontologique, trouve ses conclusions dans l’étude des fossiles par la paléontologie et la paléophytologie. Ces deux méthodes ont chacune leurs principes tirés de l’ensemble des faits expérimentalement reconnus.

Voici le principe de la stratigraphie :

L’épaisseur des dépôts sédimentaires augmente sans cesse par le haut, et leur