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principes de géologie

aussi comment se sont produites les roches et développés les organismes, quelles sont les causes des modifications et des inégalités de la surface du globe, quelle force enfin a produit tous les bouleversements qu’on y a reconnus. C’est la géologie spéculative.

La géognosie (γῆ et γνῶσις connaissance), toute d’observation, au contraire, recueille et compare les faits connus et positifs ; elle en déduit des conclusions méthodiques et des descriptions matérielles. C’est la géologie descriptive.

La géognosie elle-même comprend :

1° La lithologie (λίθoς, pierre) ou pétrographie, qui étudie les roches ou associations de minéraux ;

2° La stratigraphie (de stratus, allongé), qui examine les rapports mutuels de superposition et de juxtaposition des roches ;

3° La paléontologie (παλαiόϛ, ancien ; ὄν, ὄντος être), qui s’occupe des animaux fossiles ;

4° La paléophytologie (φυτόv, végétal), vouée spécialement aux végétaux fossiles. (V. de Saporta, le Monde des plantes avant l’apparition de l’homme, Paris, Masson, 1879, in-8o.)

Enfin la minéralogie, histoire naturelle des corps inorganiques ou minéraux considérés comme espèces simples, serait une science indépendante, si elle ne se reliait intimement à la géologie par la lithologie, qui a pour objet l’étude des groupements produits par les associations des espèces, et qui emploie les mêmes procédés d’investigation que la minéralogie (analyse chimique, microscope[1], goniomètre, etc.).

Voici ce que nous enseigne la géogénie quant à la naissance de la terre.

À son origine, tout le système planétaire, aujourd’hui décomposé en soleil, planètes et satellites, n’était qu’une seule et même nébuleuse, énorme masse de gaz incandescents (matière cosmique), très dilatée, primitivement animée d’un mouvement de rotation sur elle-même, et analogue à celles que les astronomes voient errer dans le ciel sans être fixés sur leur vraie nature.

Sous la double influence du refroidissement dans l’espace (rayonnement)[2] et de la force centripète ou pesanteur, cette primitive nébuleuse se condensa et se concentra, c’est-à-dire que son volume diminua et que sa densité augmenta ; en même temps une troisième puissance, la force centrifuge, due au mouvement préexistant de rotation autour d’un axe et aidée par l’inégalité de la condensation, aplatissait la masse en ses deux pôles et lui faisait prendre graduellement la forme d’un disque ; bientôt la zone équatoriale, s’éloignant de plus en plus du centre, se détacha de la périphérie et devint un anneau tournoyant ; plusieurs autres anneaux s’isolèrent successivement ainsi ; les mêmes forces désagrégèrent les anneaux à leur tour, et leurs fragments disséminés, éclaboussés dans l’espace, formèrent un certain nombre de sous-nébuleuses, planètes et satellites à venir. Plus petites que la masse mère, elles perdirent plus vite qu’elle leur chaleur et leur volume. La rotation les rendit sphéroïdales. La gravitation universelle les empêcha de s’éloigner à l’infini, et, une fois détachées, elles se mirent à tourner dans des orbites fermées ; le système planétaire se trouvait constitué : au centre régnait le soleil, portion principale de la nébuleuse, qui, très condensée aujourd’hui, n’est pas éteinte, bien loin de là ; tout autour circulaient ses esquilles, ses

  1. V. Fouqué et Lévy, Minéralogie micrographique. Paris, J.-B. Baillière, 1879, in-8o et in-4o, 48 fr.
  2. Pouillet a estimé la température de l’espace à 142 degrés au-dessous de zéro.