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l’échelle du Roi, gravenne de Montpezat, château de Pourcheirolles, Montpezat (hôtel Bertrand), 28 à 32 kilomètres, sept à huit heures de marche.

3e jour. — Montpezat, vallon de Pourseille, cratère du Chambon, col et vestide du Pal, lac Ferrand, suc de Bauzon, forêt de Rioutors, la Loire, Usclades, le cros de Georand, lac d’Issarlès, le Béage : 40 kilomètres environ. Il faut compter onze bonnes heures de marche, car il y a beaucoup de montées. En sacrifiant le lac d’Issarlès, très visible du Mézenc, ou gagnerait 12 kilomètres et trois heures.

4e jour. — Le Béage, Chartreuse de Bonnefoy, le Mézenc, les Estables, le Monastier : 33 kilomètres, huit à neuf heures ; 10 kilomètres et deux heures et demie de plus pour le détour et l’escalade du Gerbier-de-Jonc. On voit que pour connaître vite et bien la région de Vals et du Mézenc, il faut au moins quatre rudes journées : de bons marcheurs peuvent exécuter sans trop de fatigue le programme ci-dessus, qui ne néglige rien d’intéressant. J’ajoute que l’habitude de la carte et de la boussole remplace agréablement la société d’un guide. Comme point culminant des Cévennes et pour la beauté de son panorama, le Mézenc, si connu qu’il soit, ne peut se contenter d’une mention sommaire dans ce volume. Il réclame les détails que voici :

Sur la limite même de l’Ardèche et de la Haute-Loire, à peu près à mi-distance entre Privas et le Puy-en-Velay, au cœur de cet ancien Vivarais si convulsionné par les spasmes volcaniques, pointent, penchées au sud-est vers le cirque des Boutières, les trois cornes du mont Mézenc. La plus élevée (1,754 m.) constitue la tête culminante, non pas seulement des Cévennes entières, mais aussi de la grande ligne de partage des eaux européennes depuis les Alpes jusqu’aux Pyrénées : ses maîtres en altitude, le Cantal (le Plomb [1,838 m.]) et le mont Dore (pic de Sancy [1,886 m.]), forment, en effet, en plein bassin océanique, deux bastions latéraux d’une importance hydrographique secondaire. Taillé en mur à l’orient, sur le versant de la Méditerranée, où le Rhône emmène les eaux de cette pente, le Mézenc incline doucement son faîtage à l’ouest. À 5 kilomètres au sud sourd la première goutte de la grande Loire, dont la source géographique officielle (lisez : conventionnelle) murmure 3,000 mètres plus loin encore, au pied du Gerbier-de-Jonc (1,551 m.), dans la métairie de Loire. Non moins que la géographie, la science spéculative et le simple pittoresque trouvent dans ce groupe montagneux un sujet d’études intéressantes et variées. Jadis foyer de cataclysmes éruptifs dont la vieillesse en siècles échappe à toute approximation, bien plus antique qui les cratères intacts quoique éteints de Vals et du bas Vivarais, le massif du Mézenc aujourd’hui a ses bases découpées en gorges sauvages et ses croupes revêtues de riches et gais pâturages. Pour les géologues, les traces de l’effroyable conflagration sont demeurées évidentes et palpables ; pour eux aussi le dernier mot n’est pas dit, les discussions ne sont pas closes sur le mode d’apparition, l’âge relatif et le mélange des produits volcaniques[1] les plus dissemblables (phonolithe et basalte principalement), sur leur liaison avec les bouches ignivomes voisines, sur d’interminables controverses enfin, dont

  1. Pour les volcans fin Vivarais et du Velay, consulter principalement : Poulett-Scrope, Géologie et volcans éteints du centre de la France ; Clermont 1866, in-8o ; — H. Lecoq, Époques géologiques de l’Auvergne ; Paris, 1867,5 vol. in-8o; — J.-B. Dalmas, Itinéraire du géologue dans l’Ardèche ; Paris, 1872, in-8o ; — A. Burat, Description des terrains volcaniques de la France centrale ; Paris, 1833, in-8o ; — Faujas de Saint-Fond, Recherches sur les volcans éteints du Vivarais et du Velay ; Grenoble et Paris, 1778, in-fol. ; — Bertrand de Doue, Description géognostique des environs du Puy ; Paris, 1823, in-8o.