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bramabiau

mabiau. À l’extrémité de cette monumentale galerie la voûte s’est effondrée, et une sorte de large puits d’aérage tronconique, un entonnoir en un mot, permet de remonter sur la digue ; le plan cadastral dénomme ce puits le Balset. Mais le Bonheur ne retrouve pas encore son cours normal ; presque sous l’entonnoir et aux pieds du spectateur s’ouvre, à angle droit avec le tunnel, une caverne qui se prolonge à 60 mètres vers le sud ; un trou profond est béant dans cette caverne : c’est la bouche d’une fissure qui avale le Bonheur tout entier. Cette solution de continuité est fort bien indiquée sur la carte de l’état-major, feuille de Sévérac.

Bramabiau : le tunnel. — Dessin de Vuillier, d’après nature.

À 440 mètres de distance à vol d’oiseau, et au fond d’une colossale alcôve excavée dans la muraille gauche de la vallée de Saint-Sauveur-des-Pourcils, la rivière perdue reparaît, abaissée de 90 mètres (soit par 1,005 m. d’alt.), sous la forme d’une épaisse cascade et avec l’appellation de Bramabiau (ou Bramabiaou, beuglement du taureau). Le mugissement du torrent, répercuté de paroi en paroi avec un fracas terrible aux hautes eaux, explique ce nom. « Ici les termes vont me manquer, car il s’agit de décrire une nature étrange, terrible et mystérieuse. » (E. Frossard, Tableau…, de Nîmes, etc., supplément, 1838, p. 95.)

La chute d’eau, à l’extrémité de l’alcôve, a 10 mètres de hauteur ; elle sort d’une haute fissure pratiquée dans la muraille du causse ; un peu au-delà, et sous la voûte de la fissure, qui se perd dans l’obscurité, une seconde cascade, haute de 6 mètres, reste invisible du dehors et infranchissable ; là est la véritable source