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la grottologie

des tuyaux d’orgues, des cierges pascals. Les groupements de stalactites et de stalagmites, diversifiés à l’infini dans chaque salle, ont fait donner des noms particuliers à chacune d’elles. Il n’est pas de cavernes où l’on ne distingue ses différentes parties sous des noms tels que ceux-ci : le calvaire, le temple, la nef, la tribune, le théâtre, les berceaux, la salle de bal, les tombeaux, les trophées, la laiterie, et une foule d’autres, qui n’ont rien de plus réel que les formes fantastiques dues au hasard, créées par les caprices de l’imagination et qui n’offrent point à tous les curieux visiteurs les mêmes physionomies. » (J. Desnoyers.)

Nous verrons au chapitre XXIII comment les grottes sont dues à la fois aux cassures du sol terrestre et à l’action de rivières souterraines[1].

Île de Staffa et grotte de Fingal (Écosse).

Pour le moment, nous ne voulons que montrer le mode de formation des stalactites et stalagmites :

« En pénétrant lentement dans le sol, quelle que soit sa compacité, l’eau de pluie se charge par dissolution de substances diverses, notamment d’acide carbonique. À la température ordinaire, on compte qu’il faut 50,000 parties d’eau pure pour dissoudre 1 partie de carbonate de chaux. » (De Lapparent, p. 324.)

Mais quand l’eau de pluie s’est imprégnée d’acide carbonique, tant dans l’atmosphère que dans sa traversée de la terre végétale toute remplie de corps organiques en décomposition, il suffit de 900 à 3,000 parties de cette eau (en poids) pour dissoudre 1 partie de calcaire.

  1. Pour les caractères généraux des cavernes, la définition et la formation des stalactites et stalagmites, consulter de préférence l’excellent chapitre consacré à ce sujet dans la Terre, d’Élisée Reclus (t. Ier, les Continents, p. 356 ; Hachette, in-8o); ou encore De Lapparent, Traité de géologie (Paris, Savy, in-8o) ; Daubrée, les Eaux souterraines (Paris, Dunod, 1887) ; L. Figuier, la Terre et les Mers (Hachette, in-8o); Fruhwirth, Zeitschrift du Club alpin allemand-autrichien, 1893 et 1884 ; J. Desnoyers, Article grottes (V. p. 145), etc.