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LA COTE D’AZUR RUSSE

(2,933 m., ou 2,867 m. d’après Merzbacher, 2,870 Chelmitzkii[1]). Ces passages, fréquemment utilisés par les visiteurs du massif de l’Elbrouz pour se rendre du bassin du Kodor dans celui du Kouban, avaient déjà été franchis par Grove (1874), redescendant du plus haut sommet de l’Elbrouz, vers Nachar et la vallée du Kodor jusqu’à Soukhoum, et par Levier, traversant le Kloukhor (1890)[2]. Les récents ouvrages de M. de Déchy, Merzbacher, Freshfield[3] et surtout le mémoire de Chelmitzkii : Description d’une partie de la chaîne principale entre les passes de Nachar et de Maroukh, ont montré qu’il y existe nombre de sommets ardus et pittoresques au-dessus de 3,800 mètres.

C’est le très important travail de M. Chelmitzkii publié en 1896[4] qui a décrit et fixé (voyage exécuté pendant l’été de 1895) la topographie de la chaîne centrale entre les cols de Maroukh et de Nachar, en détaillant surtout le chemin du col de Kloukhor, une partie de celui de Maroukh et les passages qui entourent le massif de Dombaï-Ulgen, et en établissant qu’entre le Psirs et l’Elbrouz rien ne dépasse 4,040 mètres. On y trouve les renseignements suivants sur les altitudes : col de Nachar, 2,870 mètres (9,415 pieds) ; col de Kloukhor, 2,816 mètres (9,238P,5) ; la hauteur du col de Maroukh (2,769 m.) n’avait pas été encore déterminée à l’aide d’instruments, mais, selon M. Chelmilskii, elle était inférieure même à celle du col de Kloukhor (p. 4), ce qui s’est trouvé exact. Sa grande carte à 2 verstes ne s’étend que du mont Ertzog (3,808 m.) au col de Nachar ; ses couleurs indiquent les glaciers (trois atteignent 4 et 5 kilom. de longueur et descendent sur le versant nord jusqu’à 2,000 et 1,800 m.).

C’est d’après ce document capital que Freshfield a dressé sa jolie carte (au 150,000e) des deux tiers de ce tronçon de chaîne du Nachar au mont Ertzog, 3.868 mètres ; celle de Merzbacher s’arrête un peu à l’ouest du Doungouz-Oroun, c’est-à-dire juste en deçà du nœud d’attache du massif elbrouzien.

Au 400,000e enfin, de Déchy vient de nous donner toute la carte du Caucase, très exacte jusqu’au Psirs et incomplète précisément pour la région que je vais décrire. Il ne fournit pas non plus l’altitude du col de Maroukh, mais nous montre de fort belles vues des grandes cimes du chaînon Dombaï-Ulgen, notamment de la Belala-Kaya, 3,927 mètres et 3,852 mètres, du Psirs et des glaciers d’Amanaus, Dombaï-Ulgen, Klytsch, etc. Enfin, en 1904, MM. von Meck (président du Club alpin russe) et le docteur Fischer ont accompli nombre de premières ascensions entre les deux cols de Nachar et de Maroukh. Dans l’Alpine journal d’août 1905[5], ils ont reproduit la carte de Freshfield, mais complétée et prolongée (Djalovtchat, 3,869 m. ; Semenow-Bachi, 3,925 ; Aksout, 3,848) au nord-ouest jusqu’au col de

  1. Il arrive que, dans les plus soigneux et les plus récents ouvrages et cartes, on trouve pour une même montagne des divergences d’altitude atteignant 4 mètres. Cela tient à ce que les réductions en mètres des cotes exprimées en pieds sont basées sur le chiffre 0m,305 au lieu de Om,30479 pour pied : par 10, 15 ou 18,000 pieds cela fait une erreur en tout de 2, 3, 3m,6.
  2. Émile Levier, À travers le Caucase (impressions d’un botaniste), Neuchâtel, Attinger, in-4o, 1894.
  3. Freshfield et Sella, The Exploration of the Caucasus, 2 vol. in-8o, E. Arnold, Londres, 1896 ; — 2e édit. populaire) en 1902.
  4. Description de la crête principale entre les cols de Nachar et de Maroukh, Bulletin de la Société impériale russe de géographie, section caucasienne [12 avril 1896], Tillis, 81 p. et 2 cartes, 1 en noir à 20 verstes par pouce ; 1 en couleurs à 2 verstes par pouce ; les cotes en pouces des profils annexés à cette carte diffèrent de celles du texte.
  5. V. aussi la Montagne (Club alpin français, 20 février 1905, p. 85).