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INTRODUCTION

centrale du Caucase, la partie occidentale de la grande chaîne, où nulle cime n’atteint à 3,800 mètres d’altitude. Depuis ses premières collines entre Anapa et Novorossiisk, les sommités s’élèvent graduellement, sans silhouettes ni noms notables, du niveau de la mer à 700, 800, 900 mètres, pour laisser le col Goitkh (407 m.) conduire la route de Touapsé à Maikop (versant nord). S’éloignant progressivement de la mer, une deuxième section de la chaîne culmine au massif du Ficht, — Pchekho-Sou ou Tchouba, — Ochten[1], un trio de cimes contiguës, hautes de 2,852, 2,746 et 2,807 mètres ; leur élévation, relativement aux sommets environnants, est telle que les navires du large et même les habitants de Sotchi et Adler les voient de très loin, dominant tous leurs alentours : c’est ce qui leur fit attribuer si longtemps l’altitude exagérée de 4,575 mètres ; ils n’en restent pas moins le premier grand massif du Caucase, et leur revers nord cache dans ses combes supérieures des glaces permanentes. Les trois pointes supérieures sont d’ailleurs dressées au delà de la crête principale sur le versant nord ; dès le milieu de septembre je les ai vues distinctement et à plusieurs reprises abondamment couvertes de neige. Ensuite le Koud, avec 2,173 mètres, flanque le haut bassin de la Chakhé ; aux sources de celle-ci et de la Sotchi, le mont Tchoura (40 kilom. du rivage), quoique abaissé à 2,247 mètres, est un important nœud hydrographique et orographique, d’où rayonnent en tous sens de nombreux cours d’eau et chaînes latérales. — Au delà, l’écartement s’accentue entre la ligne du littoral et celle de la crête, qui se maintient éloignée de la mer Noire de 50 à 60 kilomètres.

Autour du haut bassin de la Mzimta, trois grands groupes montagneux dépassent formellement la limite des neiges éternelles : c’est la naissance du grand Caucase et des véritables glaciers, glaciers de sommets assurément, de restreinte étendue, pareils à ceux des Pyrénées ou des Alpes autrichiennes, mais bien caractéristiques de la montagne déjà grandiose ; on les nomme Tchougouch, 3,244 mètres (au nord de la ligne de faîte), Abagaa (ou Pséachka), 3,253 mètres, et Agepsta, 3,261 mètres, dans un contrefort méridional. En continuant vers l’est il n’y a plus guère de cimes inférieures à 2,800 mètres ni de cols plus bas que 2,200 mètres ; il est formel que le chaînon du Loyoub (2,940, 2,946, 3,042 m) n’arrive nullement aux altitudes de 3,300 à 3,400 mètres dont on m’avait parlé à Sotchi.

Au fond de la vallée de la Bzib et après le grand Psirs, 3,788 mètres, la chaîne reste à 3, 400-3, 500 mètres (Psîch, 3,503, 3,518, 3,458, 3,437), et le Papichisira surpasse de près de 700 mètres le seuil muletier du Maroukh (2,769 m.). On pourrait rattacher au Caucase central les 85 kilomètres de crête glacée qui s’étendent du Maroukh à l’Elbrouz avec leur culmination au Dombaï-Ulgen (4,037 et 4,040 m.), et les deux cols élevés de Kloukhor (2,882 m., 2,816 selon Chelmitzkii) et de Nachar

  1. Du 3 août au 2 septembre 1894, M. N. Alboff a exécuté dans le bassin de la Psoou, entre la Mzimta et la Bzib, surtout au point de vue botanique, un Voyage dans les montagnes du district de la mer Noire, publié en 1896 dans les Mémoires de la section caucasienne de la Société impériale russe de géographie. L’Agepsta ou Adzikouto y est noté comme mesurant de 3,500 à 3,600 mètres d’altitude, avec de petits glaciers descendant 500 mètres plus bas que la cime.
    Dans l’année suivante du même recueil (1897), M. L. Dinnik donnait la carte (à 5 verstes par pouce) de la région de Golovinsk au mont Aichka (suppl. I, 81 p.), c’est-à-dire des environs de Sotchi (Posad-Dochovskii) : on y relève les altitudes suivantes : mont Ficht, 9,360 pieds ; Pehekho-sou (Tchouba), 9,001 ; Ochten, 9,199 ; Bzib, 6,945 ; Tchoura, 7,352, à peu de chose près égales à celles du nouveau 42,000e.