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LA COTE D’AZUR RUSSE

Ghélati, Tiflis, Mtskeht, Ananour, etc., de l’Arménie à Ani, s’est inspirée pendant dix siècles des principes de la construction byzantine.

On ignore ce que les Barbares accomplirent en Circassie, si ce n’est que certains fragments de leurs hordes s’y accrochèrent soit au passage, soit au retour de leurs invasions en Europe ; imposés ou juxtaposés aux indigènes, ils se fondirent avec eux de méconnaissable manière.

Byzance, la Perse, les Arabes, les Tatars-Mongols, ne surent certainement pas, durant le moyen âge, s’établir sur la côte orientale de la mer Noire avec la même solidité que paraissent l’avoir fait les Génois de 1266 à 1475 : ces commerçants protégèrent tous leurs comptoirs, de Kaffa (Teodosia), en Crimée, à Batoum, par une li CT ne de forts dont les restes subsistent à Sotchi, Gagri, à la Bzib, etc. ; ceci a fait supposer l’existence, sous leur domination, d’une véritable route littorale tout le long de la Circassie maritime ; on a prétendu aussi que Mithridate avait déjà réuni par une voie semblable ses possessions de Tauride à celles de Colchide ; le tout paraît imaginaire.

Aux temps modernes, la possession fut disputée et alternativement exercée, pendant quatre cents années d’inextricables conflits et compétitions, par les Turcomans, Géorgiens, Persans, Tatars, Ottomans, Moscovites : j’ai dit que ceux-ci l’ont emporté politiquement et matériellement. Mais l’islam est demeuré maître de la foi religieuse des Tcherkesses, dont le résidu, même sur sol russe, pratique le mahométisme.

Telle est, avec le minimum de mots, l’évolution historique du pays que nous allons décrire.

La géographie générale se résume ainsi : comme division politique le pays se partage entre le gouvernement de la mer Noire[1], de Novorossiisk à la Bzib, — et l’arrondissement de Soukhoum, dont relève YAbkhasie de la Bzib au Kodor.

En forme, il figure un étroit triangle, basé à l’est sur une ligne d’environ 70 kilomètres de longueur, qu’on lire depuis le cap Iskoura et l’embouchure du fleuve Kodor (au sud-est de Soukhoum), jusqu’au col de Maroukh, sur la crête centrale (à 85 kilom. ouest de l’Elbrouz) ; le grand côté est celui de la mer Noire, étendu sur 370 kilomètres à vol d’oiseau, partant de Novorossiisk pour passer devant Ghélendjik, Djoubga, Touapsé, Golovinsk, Sotchi, Adler, Gagri, Pitzounda, Goudaout, Novi-Athon et Soukhoum, que je nomme ici simplement à titre de points de repère. Sur ces 370 kilomètres, la plage de sable et de menus galets où se construisent les bains de mer de la Riviera s’étend presque continue, admirablement propice aux plus amusantes chevauchées ; bien peu de falaises ou caps en interrompent l’harmonieuse courbe (Idoukopass, Kodoch, Doob, etc.) ; et la chaussée du général Annenkoff y fournit des ponts pour franchir les bouches ou les deltas des fleuves torrentiels de 10 à 100 kilomètres de long, que la carte appelle rivières de Chaklié, Sotchi, Mzimta, Bzib, Goumista, etc.

Le troisième côlé du triangle n’atteint (toujours à vol d’oiseau) que 330 kilomètres entre les points extrêmes de Novorossiisk et du col Maroukh ; c’est la crète

  1. Au recensement du 28 janvier (9 février) 1897, le gouvernement de la mer Noire, de 7,347 kilomètres carrés, n’avait que 54,228 habitants, soit 7 habitants par kilomètre carré ; en 1900, 55,128 habitants (dont 23,375 femmes seulement). Gagri y a été rattaché en 1905.