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LA COTE D’AZUR RUSSE

de l’Abagua et de l’Arabika, — l’hydrologie souterraine des avant-monts crétacés, — certains détails archéologiques d’Abkhasie, — voire même en pleine Géorgie, près de Tiflis, l’abîme surprenant d’Oupliz-Tsiké, naturellement érodé dans le grès tertiaire ; autant de faits inédits, dont de patientes recherches bibliographiques ne m’ont point révélé d’antérieures mentions.

Et puisque j’ai prononcé le mot de bibliographie, qu’on ne s’étonne point de ne pas trouver ici un essai (forcément incomplet) de références à ce point de vue : j’ai employé (je dirai même perdu) beaucoup de temps à cette tentative ; j’ai fini par l’abandonner, devant cette double difficulté d’une recherche parmi des publications très malaisées à atteindre dans les bibliothèques parisiennes, et du renvoi, sans portée pour la plupart des lecteurs français, à cette belle langue slave que l’on ignore trop et dont on s’exagère en somme l’inaccessibilité.

Il existe d’ailleurs un monument bibliographique colossal relatif au Caucase entier, la Bibliotheca Caucasien et Transcaucasica de Mijansarov, publiée d’abord en 2 vol. in 8°, 1874-1880, et qui a été recommencée en 1896 (tome Ier) à Saint-Pétersbourg (Bakst et Hohenfelden). C’est là que les érudits et les spécialistes trouveront les titres de ce qui pourra les intéresser[1], surtout de ces mémoires isolés, souvent magistraux, publiés par les divers corps savants de la Russie : on y rencontre, dans toutes les branches du savoir humain, depuis l’archéologie et la géologie jusqu’à l’économie politique et l’ethnographie, une abondance de doctes dissertations locales ou générales, dont l’Occident ne soupçonne guère ni la valeur ni l’étendue. Effrayé par cette richesse de production autochtone, j’ai dû me résigner à présenter mon livre sous la forme d’une œuvre personnelle : ceci, pour les Russes instruits, ne sera exact que pour moins de moitié de mes chapitres. Ils me pardonneront ce qui, à leur égard, se trouvera par places bien voisin du plagiat, en considérant avec bienveillance que ce livre, en somme, répond au désir de faire connaître une des plus belles provinces de l’empire des Tsars et de contribuer à sa fructueuse mise en valeur.

Ce caractère mixte de mon travail, composé donc de ma part d’observations et du tableau synthétique de celles d’autrui, se retrouve aussi dans la matérialité du voyage ; car les péripéties de mes trois mois de séjour au Caucase ont présenté une allure moyenne entre l’exploration proprement dite et le vulgaire tourisme : sans avoir couru aucun risque sérieux de la part de prétendus brigands aussi

  1. Je note seulement et pour ainsi dire au hasard les ouvrages suivants, traitant particulièrement de la Circassie et de l’Abkhasie : Klaproth (J.), Voyage au Caucase et en Géorgie (1807-9), 2 vol. in-8o, Halle, 1812-181-4, et Paris, 1823 ; — Idem, Tableau historique du Caucase, in-8o, Paris et Leipzig, 1827. — Taitbout de Marigny, Voyage en Circassie, Paris, 1829. — Dubois de Montpéreux, Voyage autour du Caucase, Paris, 1839. — Bell, Journal of a résidence in Circassia, Londres, 1840. — Longworth and Bell, Two Years résidence among the Circassians, Londres, 1840. — Koch, Wanderungen in Orient (Pontisches Gebiet), 1843-44). — Kolenati, Bereisung Circassien, Dresde, 1859. — Erckert, Ueber die Tcherkessen (Petermann’s Mitthetlungen, 1888, p. 82-87). — Vivien de Saint-Martin, mémoires divers. — Radde et Kœnig, Ostufer des Pontus (V. supra). — S. Basioukoff, Au Pays des somptueuses beautés, in-8o, Saint-Pétersbourg, 1903 (en russe). — Kalaboukoff et Jablonsky, le Pays du chaud soleil, in-8o, Moscou, 1904 (en russe). — V. Dingelstedt, The Riviera of Russia (Scottish Geographical Magazine, juin 1904), p. 285-306. — Compte rendu de l’expédition scientifique sur le littoral oriental de la mer Noire par le prof. Voiekoff, le docteur Pasternetzky et l’ing. Serguéieff, Saint-Pétersbourg, 1899 (en russe). — Les Bases de l’agriculture dans la région de Sotchi, par M. J. Klingen, Saint-Pétersbourg, 1897 (en russe). — Aperçu sur le passé et le présent du littoral caucasien de la mer Noire, par M. L. Litchkoff, Kieff, 1907 (en russe). — A. Yermoloff, Notes de voyage au littoral caucasien de la mer Noire, en 1907, Saint-Pétersbourg, 1908 (en russe). — Baron Tornaou, Prisonniers chez les Tcherhesses en 1836, mémoires d’un officier. — A. Yermoloff, la Russie agricole, Paris, Hachette, 1907, in-8o.