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LA COTE D’AZUR RUSSE.

Le grand dictionnaire de géographie universelle de Vivien de Saint-Martin, même dans son supplément postérieur à 1897, mentionne une cime de 3,120 mètres à l’est du fort Golovinsky, attribue 4,575 mètres au mont Ochten, au nord de Sotchi, et 3,500 mètres au col de Maroukh, au nord de Soukhoum ; or, nous verrons que le massif de l’Ochten n’atteint point 2,900 mètres, que les premières cimes de 3,000 mètres se rencontrent plus à l’est encore autour de Krasnaia-Poliana, et que le col de Maroukh ne mesure que 2,709 mètres et reste presque toute l’année praticable aux mulets. Il est vrai que la carte n° 46 de l’atlas Vivien de Saint-Martin et Schrader a rectifié une partie de ces erreurs : cependant elle persiste à attribuer 3,500 mètres au col de Maroukh et omet Sotchi et Goudaout, de même que les monts Agepsta et Abagua, plus élevés cependant que le Tchougouch (et omis aussi dans l’atlas Stieler, qui donne 3,505 m. au col de Maroukh).

D’autre part, dans son monumental ouvrage, Aus den Hoch Gebirgen des Caucasus (Leipzig, 1901), qui décrit complètement les massifs glacés du Caucase central, l’alpiniste G. Merzbacher expose que, dans le Caucase occidental (ou Alpes Pontiques et d’Abkbasie), de Novorossiisk au col de Nachar, on n’est pas encore, fixé sur les vraies altitudes ; la carte publiée par Radde en 1894 (Petermann’s Mittheilungen, supplément n° 112) porte un Tschifri-Baschi haut de 4,033 mètres et un Chychy-Kara de 5,505 mètres à l’ouest de l’Elbrouz ; avec raison Merzbacher avait supposé que ces chiffres étaient des fautes d’impression : car, des sommets de l'Arabika (2,521 et 2,060 m.), au-dessus de Gagri, j’ai pu constater de visu, en un jour de panorama idéalement pur, que nulle cime n’arrive à ces hauteurs entre l’Elbrouz et le Psyrs (3,788 m.) : dans cette section le plus grand sommet (Dombaï-Ulgen) n’atteint que 4,038 mètres. Dans son superbe Kaukasus, 3 vol. in-4o, Berlin, 1905-1907, M. Moritz de Déchy attribue encore 3,781 mètres selon les anciennes appréciations à l’Agepsta (au lieu de 3,261 m.), la plus haute cime du Caucase à l’ouest de la Bzib ; mais les laborieuses et soigneuses investigations de ce savant auteur n’ont pas atteint la région que j’ai visitée, et se sont arrêtées à l’est du col de Maroukh.

Tout récemment encore, une grande revue géographique française publiait l’appréciation ci-après, où je souligne tout ce qui est inexact :

« Le Caucase s’élève à 1,000 mètres derrière Novorossiisk, à 3,000 derrière Touapsé, à 4,000 derrière Pitsounda.

« Entre la principale chaîne et la mer, deux chaînes secondaires atteignent souvent la même altitude que la principale. Pour les parcourir, ce sont des ascensions et des descentes perpétuelles qui en rendent l’accès infiniment laborieux, surtout du côté de la mer.

« À Sotchi, la moyenne est en hiver de 5°,9 ; au printemps, de 11°,4 ; en été, de 21°,7 ; en automne, de 15°,4.

« Touapse, Pitsounda, Soukhoum, sont des ports qui, sans valoir Novorossiisk, offrent cependant de suffisants abris. C’est autour de ces centres que la vie commence à renaître.

« Actuellement, on compte un peu plus de cinq cents villages ; malgré les efforts du gouvernement russe pour la peupler, il n’y a encore que 8 habitants par kilomètre carré (Suisse = 115). La population est infiniment variée.