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les galères de dunkerque


Galériens débarquant sous la conduite d’un comite.
Gravure de Corn. de Wael.
(Bibliothèque Nationale. Estampes.)
et vigoureux, l’argousin[1] me mit à la jambe un anneau de fer et une chaîne d’une grosseur et d’une pesanteur extraordinaire. Le comite s’en aperçut et, d’un air rude et brutal, dit à cet argousin que s’il ne m’ôtait pas cette énorme chaîne, il s’en plaindrait au capitaine et qu’il ne souffrirait qu’il gâtât ainsi le meilleur sujet de son lot pour la rame. L’argousin m’ôta sur-le-champ cette grosse chaîne et m’en mit une des plus légères qu’il eût, que le comite choisit lui-

  1. Les argousins sont les bas officiers de la galère chargés de la garde des forçats. C’est l’argousin qui, tous les soirs, devait visiter les chaînes, les manilles et faire changer celles qui lui semblaient suspectes. Argousins, sous-argousins et mousses étaient choisis par le capitaine. Les argousins étaient tenus à verser 1 500 livres de caution, car ils étaient responsables et, outre les responsabilités personnelles, leur caisse commune devait régler le prix du rameur disparu et les frais de recherches. (Règlement du roi concernant la garde et sûreté des chiourmes des galères, 14 avril 1700, Archives nationales, KK. 938.)