PRÉFACE
près
la Bastille, le plus grand épouvantail
de l’Ancien Régime furent les galères.
La vie y est terrible. « Bailler la galère
pour prison à un homme, disait Jacques
Aubery, c’est le mettre là pour mourir plutôt que
pour être gardé, vu l’austérité de la galère où l’on
couche sur l’eau et sous le ciel, avec nourriture d’eau
et de biscuit. » Si la flotte manque de bras, aujourd’hui
on y met ceux qui auraient dû être condamnés
à mort, « vu la nécessité que le roi témoignait d’avoir
des forçats. » Demain on y mettra de simples gens
sans aveu, vagabonds et bohémiens « cherchant
peut-être à dérober », ramassés dans les campagnes
par les dragons.
Si certains jours il faut peu de chose pour y être envoyé, une fois embarqué, on ne sait guère quand ni comment on en sortira. Que signifient les arrêts de condamnation ? On y reste au delà du terme fixé à la peine. « Reboul, dit un intendant à Seignelay, est demeuré quatorze ans en galères au delà de son temps. Sa liberté pourrait lui être accordée par grâce, si vous l’avez. Monseigneur, pour agréable. »
On gracie donc seulement ceux qui ont fait leur temps, les estropiés par suite de faits de guerre, ceux qui coûtent et ne rapportent pas. Les autres doivent mourir aux galères, malgré les protestations de Fé-