Page:Marteilhe - La vie aux galères, 1909.djvu/45

Cette page a été validée par deux contributeurs.
45
une condamnation aux galères


Les Missions, estampe satyrique, 1686.
(Bibliothèque Nationale. Estampes.)
comme ils se retiraient, un des guichetiers resta le dernier pour fermer la porte et le guichet. Je m’amusai à lui dire quelques paroles, et comme je vis qu’il me répondait assez aimablement, je crus l’avoir un peu apprivoisé. Je m’avisai donc de le prier de me donner le bout de chandelle qu’il tenait à la main, pour voir à chercher un peu notre vermine, mais il n’en voulut rien faire et me ferma le guichet au nez. Alors je dis assez haut, ne croyant pas cependant le guichetier assez proche pour m’entendre, que je me repentais de ne lui avoir pas arraché des mains son bout de chandelle, car je l’avais eu belle pour cela, lorsque je lui parlais au guichet. Mon drôle m’entendit et ne manqua pas d’en faire son rapport au geôlier. Le lendemain matin, tous mes camarades de cachot étaient levés et chantaient les litanies à leur ordinaire, sans quoi ils n’auraient eu aucune charité des Jésuites, qui la donnaient tous les jeudis.