fondirent pas, car il est vrai de dire que le conseiller, notre
protecteur, avait brigué plusieurs voix au Parlement en
notre faveur et qu’en un mot ce corps était, ou tout entier
ou pour la majeure
(Bibliothèque Nationale. Estampes.)
partie, incliné
à notre élargissement.
Deux
heures après que
nous fûmes de
retour dans la
prison, le geôlier,
tout essoufflé,
courut à notre
cachot, pour
nous féliciter de
notre délivrance
prochaine. Un
clerc du Parlement
était venu
la lui annoncer,
ayant vu de ses
propres yeux la
résolution de
l’assemblée, qui
nous avait en
plein absous de
l’accusation d’avoir voulu sortir du royaume. Nos bons
amis de la ville nous vinrent aussitôt féliciter en foule,
et nous crûmes la chose si réelle que nous attendions
d’heure en heure notre élargissement. Cependant il n’en
fut rien, quoiqu’il fût très vrai que le Parlement nous avait
absous. Mais, comme nous étions des criminels d’État, le
Parlement ne pouvait nous élargir qu’en conséquence des
ordres de la Cour. Le procureur général en écrivit donc au
marquis de la Vrillière, ministre d’État, lui disant que nous
avions fait preuve parfaite de notre innocence à sortir du
royaume et que le Parlement attendait ses ordres pour la
destination des prisonniers. Le ministre répondit qu’ils
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une condamnation aux galères