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les galères de dunkerque

suis saoûl et on ne m’y rattrapera jamais » et il s’en alla.

Nous ne sortîmes presque plus du port de Dunkerque de tout l’été et nous désarmâmes de bonne heure pour hiverner.

L’année 1708, au mois d’avril, nous réarmâmes et de toute la campagne nous ne fîmes que courir sur les côtes
Galère à la Rame.
(Bibliothèque Nationale. Estampes.)
d’Angleterre, sans aucune autre expédition que d’alarmer cette côte pour y tenir les troupes alertes ; mais aussitôt que quelque gros navire garde-côte paraissait, nous nous sauvions au plus vite sur les côtes de France, dans quelque port, rade ou plage. Ce manège dura jusqu’au 5 septembre, jour que je n’oublierai jamais par l’événement que nous eûmes et dont je porte les marques par trois grandes blessures que j’y reçus.

La reine d’Angleterre, parmi un grand nombre de navires qu’elle envoya en mer de tous côtés, avait un vaisseau garde-côte de 70 canons, qui était commandé par un papiste caché, très mal intentionné pour sa patrie. Ce capitaine se nommait Smit. N’étant d’aucune escadre, mais seul et en liberté d’exécuter sa trahison, il fit voile à