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CASSANDRE.

C’est admirable ! Ah ! les arts, les arts ! J’aurais bien voulu voir.

SCAPIN.

Rien de si aisé. Qu’il fasse de même, et je garantis le même effet.

NIGAUDIN.

Ah ! je vous suis obligé du même effet. Votre joue est aussi bonne pour ça que la mienne.

SCAPIN.

Mais, moi, je ne sais pas la manière dont vous l’avez touché.

CASSANDRE.

Allons, mets-toi là, et fais ce qu’on te dit, sinon je te chasse, d’abord pour m’avoir désobéi en y touchant malgré ma défense ; ensuite pour me mentir à présent.


NIGAUDIN.

Vous mentir !… me chasser !… Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! (Il pleure.) Eh ben, monsieur, ça me pique au jeu ! Et vous allez voir. Et puis un soufflet de plus ou de moins, quand il s’agit de l’honneur ! Oui, monsieur, v’là comme je me suis mis. J’ai avancé ce petit morceau de bois, et j’ai attendu. Je l’ai averti après fort honnêtement que c’était à son tour à jouer ; il n’a pas remué plus qu’une bûche qu’il est : je lui ai parlé un petit brin plus ferme. Bah ! ça lui a été égal. Alors… prenez bien garde à ce qu’il va faire… (Il se garantit la joue d’une main, et de l’autre il touche le bras de Léandre.) Alors, je l’ai pris par le bras, là, comme çà, et il m’a… il m’a… Tiens, comme il est malin !… Parce qu’il sait qu’on me renverra, si je ne reçois pas le soufflet. (Il le prend et le pousse.) Il ne veut pas !… Ah ! je crois, Dieu me pardonne, que v’là qu’il rit comme s’il se moquait de moi.