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ces fêtes de l’esprit de parti. Leur mari, leur père, excellent homme, brave militaire, avait fait passer de son cœur dans celui de sa femme et de ses filles une partie de cette vive affection, de cette reconnaissance profonde, que tous les vieux soldats avaient conservée pour l’empereur Napoléon, et Mmes  Nodier auraient craint de blesser la mémoire des leurs en assistant à des réunions dont les frais étaient faits par des ennemis qu’ils avaient si longtemps combattus.

Ce fut même pendant une de ces soirées musicales qu’on fit passer de main en main plusieurs exemplaires manuscrits de la prétendue chanson d’un colonel russe, chanson dont voici quelques couplets ; elle montrera le système de réaction violente qui se manifestait à cet époque, ou plutôt qui s’organisait contre le gouvernement de Napoléon Ier.


CHANSON DU COLONEL RUSSE


Air de la Pipe de tabac.


Vous, dont la voix est noble et tendre,
Vrais chansonniers, conteurs charmants,
Souffrez qu’un soldat d’Alexandre
À vos accords joigne ses chants ;
Il craint que quelque discordance
Ne vous choque dans ses couplets,
Mais, s’il n’a pas l’accent de France,
Il a, du moins, le cœur français.

Animés du désir de plaire,
On nous a vus, dans vos pays,