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CHAPITRE III


Le sous-officier amoureux. — Nos jeux d’artillerie. — Le général Marulaz. — Une large apostrophe. — Le blocus de Besançon. — Plus de peur que de mal. — Attaque de Chaudanne. — Le lieutenant-colonel Sadet. — Sévérité de mon père — Ses services. — Virginie Nodier. — Les alliés. — Bals publics. — Chanson du colonel russe.


L’extrême sévérité de mon père eut pour nous un effet salutaire, car une fois au lycée, mes frères et moi, nous nous sentîmes tout à fait à l’aise. Le bien-être moral éprouvé en entrant dans cette cage nous fit trouver bonnes nos années d’études, amour qui doit nous être particulier !

À cette époque j’avais pris en très grande affection, je n’oserais pas dire en passion, puisque je n’avais qu’une douzaine d’années, Mlle Demolombe, sœur de deux de nos camarades, jolie jeune personne de dix-sept ans près de laquelle j’allais passer tous mes moments de récréation, ce qui m’était d’autant plus facile que nous demeurions porte à porte. Quand mon frère Alphonse, malin comme dix singes et aussi contrariant que deux pianos, avait quelque motif de m’en vouloir, il m’appelait amoureux et me jetait cette qualification d’une voix stridente dans les escaliers, les corridors, les cours du lycée, la rue. Ce mot me mettait dans des