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des professeurs les plus savants, les plus estimés et les plus aimés de la Faculté de droit de Dijon, à un âge où, d’ordinaire, on est encore sur les bancs de l’école ; Pourcy, que sa fortune et ses goûts ont tourné vers la culture de ses terres et l’embellissement de ses jardins de Lusan, et Xavier Huvelin, ancien brigadier des gardes du corps, chef d’escadron en retraite, à Jussey, étaient premières clarinettes ; Marcel Pourcelot, chef de bataillon en retraite, vigoureux jeune homme de dix-huit ans, était grosse caisse, il pouvait, sans en être fatigué, porter ce formidable instrument pendant un long défilé ou pendant une interminable procession. Notre musique, si l’on s’en rapporte à ce qui se disait alors, n’était pas mauvaise ; mais il y a si longtemps que je ne joue plus de la flûte, que, pour être vrai, je ne me rappelle pas trop ce qu’elle était. Ce que je me rappelle beaucoup mieux, c’est que chaque fois que nous embellissions une cérémonie quelconque, cela nous valait toujours de jolis déjeuners ou de plantureux goûters, auxquels nous ne manquions jamais, bien entendu, de faire le plus éclatant honneur.

Oh ! quels bons appétits nous avions alors. Quand je me reporte à ces douces heures de bombance, l’eau m’en vient encore à la bouche, mais si les morceaux succulents que nous dévorions alors nous étaient aujourd’hui présentés, je n’aurais plus de dents pour les croquer. Qu’il est pénible de vieillir !

De tous les fonctionnaires qui nous régalaient, c’était