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de Moscou, et le second, Auguste, est mort à Besançon, laissant la réputation justement établie d’un excellent médecin et d’un très habile opérateur ; Étienne Larchey, qui, après être sorti de Saint-Cyr dans l’artillerie, a été pendant la guerre d’Orient commandant militaire de Constantinople et vient de rentrer en France avec le grade de général de division, etc., etc.

Chaque fois que nous nous retrouvons dans le monde où nos carrières diverses nous ont dispersés, nous ne parlons jamais qu’avec une douce émotion de nos années de collège, nous aimons surtout à nous remettre en mémoire les détails de ces goûters champêtres que nous faisions sur la lisière d’un bois, dans nos longues promenades du dimanche ou du jeudi. Deux cantinières, la mère et la fille, désignées ad hoc, suivaient les élèves ou se rendaient directement au lieu de notre halte qui leur était désigné d’avance par notre commandant ; chacune d’elles portait sur la tête un panier qui contenait du jambon, du saucisson, de l’huile et du vinaigre, du vin, de la bière et enfin de la pâtisserie de toute sorte. Les élèves qui avaient de l’argent se divisaient par groupes, invitaient ceux de leurs camarades qui n’en avaient pas, et la gaieté la plus vive présidait à ces repas d’une fraternité qui, certes, n’était pas menteuse. Une salade de pissenlits, je ne me rappelle pas le nom propre ou plutôt le nom technique de cette plante, était ordinairement notre plat de prédilection, car c’est nous qui en avions fait la récolte et qui les avions apprêtés et lavés.