Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

poids était parfois trop fort, trop brusque, et dépassait le but. Il en résultait un craquement général dans l’appareil, peu combiné d’ailleurs, de notre système d’éducation, et cela nous amenait des scènes fâcheuses dont la première victime était notre pauvre mère.

Préoccupé constamment de spéculations industrielles, abîmé dans les soucis qui en étaient la suite, mon père n’admettait jamais d’observations à aucun de ses ordres, et jamais non plus, soldats de compagnie de discipline n’ont été menés plus militairement, plus droit que nous.

Ma grand’mère maternelle avait été d’une beauté remarquable et mon grand-père, M. des Herbeys, capitaine d’artillerie avant 1793, appartenait à une ancienne famille noble du Dauphiné[1]. Ma grand’mère était royaliste à l’excès, quoique la Révolution ne lui eût enlevé ni château ni titres, mais elle souffrit comme tout le peuple de la rareté du pain et des excès commis. Je ne me la rappelle que comme une excellente femme, un peu vive, criant fort lorsqu’on ne lui obéissait pas, mais d’un très bon cœur et s’occupant de nous avec une tendresse qui ne s’est jamais démentie.

  1. La famille Duport des Herbeys, originaire de Savoie, s’est établie à la Mure en 1659 et s’est divisée en deux branches, l’une dite de Pontcharra, actuellement représentée par le marquis de Pontcharra, l’autre dite des Herbeys, à laquelle appartenait François des Herbeys, ancien capitaine d’artillerie, qui fit ouvrir en 1777, dans le bassin de Chauffayer (Hautes-Alpes), le canal d’arrosage qui porte son nom. — Au sujet des généalogies de cette famille, voir Guichenon et Rivoire de la Batie.