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Romains. Comme tout ici-bas, les goûts ont changé et, à l’heure actuelle, on relègue dans les combles le mobilier qu’on étalait jadis au salon, tandis qu’on étale au salon ce qu’on reléguait dans les combles.

Ma famille est originaire de Bonnay (Doubs), berceau de tous les Marquiset connus ; mon grand-père, né en 1733, y cultivait modestement ses vignes et ses champs quand il vint s’établir à Besançon vers 1760. Là, il épousa, le 3 août 1766, demoiselle Jeanne-Marguerite Froissard, dont l’oncle, M. Nicolas de Nervaux, était alors le curateur et conseil. Ma grand’mère paternelle était née à Chambornay-lez-Pin en 1735 et elle avait conservé de son éducation première des idées et un langage rappelant encore la domination espagnole, car, à l’annonce d’un événement malheureux, elle disait toujours : « Ça doit venir de ces coquins de Français ! »

Mon grand-père mourut à Besançon en 1806, ne laissant qu’un fils (mon père) né le 22 mai 1773. Quoique bien jeune au moment de la Révolution, celui-ci fut désigné pour faire partie de la députation du Doubs à la Fédération de 1790, puis lorsque les commissaires à l’armée du Rhin ordonnèrent la levée en masse de la garde nationale, on le nomma lieutenant de grenadiers. Avec ce grade, il assista au siège de Mayence, où il fut blessé d’une balle à la cuisse, ayant à ses côtés, dans sa compagnie même, son ami d’enfance, Joseph Droz, l’auteur de l’Art d’être heureux, et devenu depuis membre de l’Académie française.