Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/312

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trente à trente-quatre ans. Mis avec un grand laisser aller, il rappelle en miniature l’embonpoint et la désinvolture rabelaisienne de Jules Janin. Après avoir salué ce nouveau membre de la famille impériale et le colonel d’infanterie qu’il venait de présenter à son cousin, j’ai pris congé du prince Jérôme, qui m’a affectueusement serré les deux mains, en me faisant promettre de revenir le voir avant mon départ pour la Haute-Saône.


Après quatre années passées au ministère de l’intérieur, je pris ma retraite en 1846, avec la croix d’officier de la Légion d’honneur que me remit le comte Duchâtel, et je me retirai parmi les miens, à Fontaine-lez-Luxeuil, dans le petit manoir construit vers le milieu du siècle dernier par M. de Rans, évêque de Rhosy, prieur commendataire de Fontaine. Il est reposant de vivre au milieu de cette brave population, honnête, laborieuse, dont la rusticité n’exclut ni la bonhomie ni le bon sens. Une femme de mon village a perdu la semaine dernière son troisième mari ; elle n’a que trente-six ans et elle est d’une prestance à les user vite : « Toinon, lui disait une voisine, tu vas te remarier l’année prochaine ? — Oh ! non, répondit la veuve, j’en aurais bien envie, mais je ne le ferai pas, parce que ça m’embête trop de les enterrer ! »

J’eus le tort encore une fois de troubler le calme de ma vie en me mettant sur les rangs pour la députation dans l’arrondissement de Lure, mais je fus battu par