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Aujourd’hui que les passions politiques ont pris une autre direction, que les gouvernements sont changés, que la totalité des hommes intéressés dans la question du duc d’Enghien ont disparu, et que de nombreux documents, en rétablissant la vérité des faits, ont jeté la lumière sur les événements de cette époque ; nous n’avons pas le projet de fouiller de nouveau dans ce passé que les cœurs honnêtes de toutes les opinions n’ont jamais cessé de déplorer et de flétrir. Nous voulons nous borner seulement à raconter la part secondaire mais honorable que prit à cette catastrophe l’un de nos plus honorables compatriotes, le lieutenant-colonel de gendarmerie Noirot.

Né à Lons-le-Saunier le 17 avril 1762, François Noirot entra en 1779 dans le 21e de cavalerie (Royal-Navarre), qui avait alors pour colonel le duc de Crussol. C’était un fort bel homme, d’une tenue irréprochable et d’une aptitude toute particulière au maniement des chevaux et des armes. Nommé adjudant-instructeur à l’école de Versailles en 1799, il passa bientôt comme lieutenant dans la gendarmerie d’élite, et ce fut alors qu’eut lieu le drame du duc d’Enghien, à propos duquel nous sommes obligés d’entrer dans quelques détails.

Arrêté le 15 mars 1804 au château d’Ettenheim, sur les ordres du Premier Consul, par les soins du général Ordener, le duc d’Enghien fut conduit le même jour à la citadelle de Strasbourg, d’où il ne repartit que le 18, sous l’escorte de la gendarmerie ; il arriva à Paris